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(La parenthèse)
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27 octobre 2005

Et de 3, ou "Le grand ponte"

3e séance ce jeudi. Le moral est un peu en baisse. L'éloignement, la lassitude, la difficulté à me projeter dans un avenir qui me semble de plus en plus loin. Alors ce matin, j'avais besoin d'être rassuré, entendre des mots positifs. Ce ne sera pas pour aujourd'hui. L'hémato qui me suit n'est pas là. A sa place, j'ai l'insigne déplaisir d'être reçu par un cancérologue comme on n'en fait heureusement plus. Tablier de vivisection autour de la taille (véridique), il enligne les patients comme on ferait un collier de coquillettes. Même pas de présentations, juste un "il n'y aura pas assez de place pour tout le monde" destiné à papa et maman, obligés de rester debout le temps que la sommité d'un autre âge m'ausculte. Trois palpations, une vérif sur le dossier, et le cas clinique qu'il a devant lui peut aller se rhabiller. Tout semble normal, mais on n'en saura pas plus. La tumeur a-t-elle dégonflé? Rien à foutre. On se dit au revoir? Rien à foutre : "je ne vous serre pas la main?" dit-il en se lavant les paluches dans l'évier.

hoerniL'homme en question s'appelle Sieur Bernard Hoerni. Ancien président du Conseil national de l'Ordre des médecins, cancérologue reconnu dans le microcosme médical, il est également l'ancien directeur du centre Bergonié, ce même établissement où je suis aujourd'hui soigné. Malgré toute la déférence généralement manifestée envers ce genre de personnage, je ne peux m'empêcher de me demander comment on peut encore le laisser pratiquer. Face à des patients en perpétuel questionnement sur l'évolution de leur maladie, en proie au doute et à l'appréhension, un minimum d'empathie me semble plus que nécessaire de la part du médecin. Mais là, la pioche s'est avérée bien mauvaise. Oui, le mieux est effectivement que l'on ne se serre pas la main.

Pour le reste, le séance en elle même s'est bien passée. Mais le soir, le moral dans les chaussettes, je craque. L'impression de ne plus avoir des repères. Montréal semble si loin. J'en ai la gorge serrée. Je m''effondre dans les bras de papa. Moi qui avais jusqu'à présent réussi à positiver sur cette pénible période, je n'arrive plus à faire la part des choses. Le cap est difficile à passer, mais je dois remonter la pente. C'est con, mais j'ai pas le choix.

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Commentaires
J
Je découvre le Blog, bien construit , réactif.<br /> Je voulais vous souhaiter du courage pour les quelques scéances qui restent...en espérant que Mr Soubeyran sera plus a la hauteur ...<br /> Le service change d'interne,vous aurez de nouvelles têtes a photographier!<br /> Julie
(La parenthèse)
  • Une parenthèse de quelques mois, loin du Mont-Royal et des poutines du Rapido. Quelques mois à prendre pour soi, et terrasser la bête. Québec ou France : les amis sont là, d'où qu'ils soient. Merci à vous, et n'hésitez pas à y aller de vos commentaires!
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