La carotte

Après le scan, le Tepscan, la biopsie du cou il y a deux semaines à Montréal, voilà que déboule le challenger du jour : la ponction de moelle. Relativement inconnue de la majorité de la population, elle a tout intérêt à le rester.

Intérêt de la chose : savoir si la maladie a atteint la moelle osseuse.

Principe :
Prendre une (mignonne) interne (résidente) de médecine. Ajouter à cela quelques autres jeunes et jolies étudiantes en médecine en stage d’observation. Les faire entrer dans la chambre du patient, auparavant shooté aux calmants et allongé sur le ventre - la fourberie étant que le calmant calme, mais n’assomme pas. Autrement dit, on comprend parfaitement ce qui est en train de se tramer dans son dos, mais on n’arrive pas à réagir.

Puis, laisser l’interne vous piquer pile dans un des deux petits trous que tout être normalement constitué arbore généralement en bas du dos. Théoriquement, cela s’appelle une anesthésie. Mais lorsque l’aiguille commence à taquiner l’os, on en vient soudainement à en douter. Ah zut, la dose d’anesthésiant est trop faible… « on va en remettre un peu » dit la jolie interne. Oui, merci bien, je n’osais plus le dire tellement j’avais la mâchoire serrée…

Introduire ensuite un objet dont je serai bien incapable de donner la moindre description, vu que j’ai préféré garder les yeux fermés pour ne pas tomber à la renverse. Après quelques explications d’usage distillées aux stagiaires, l’interne passe alors à la phase active, c’est à dire le carottage à proprement parler, appuyant de tout son poids sur la sonde fichée dans le dos. Voilà, c’est fait. Entre temps, j’aurai réussi à prononcer quelques borborygmes incompréhensibles, et broyé la main de l’une des stagiaires, qui croyait bien faire en me prenant la main gauche entre ses doigts délicats.

Chaque jour que Dieu fait, l’homme en apprend un peu plus sur la vie. En ce vendredi, jour du poisson, j’aurais appris que la venue d’une jolie brune dans une chambre d’hôpital n’est pas forcément toujours et uniquement synonyme de plaisir des yeux.