Menu gastronomique
11h00
Bon, ben quand le moment est venu, faut s'y mettre...
Dexchlorphéniramine 4 mg pour me mettre dans le gaz, un paracétamol pour éviter le mal de globe, un Prednisone parce qu’il faut bien un anti-inflammatoire. Passer ensuite un litre de Rituxmab bien frappé dans la perfusion, histoire de faire chuter les défenses immunitaires. L’opération en elle-même prend environ 4 heures, durant lesquelles on guette la moindre petite réaction allergique qui pourrait se produire. Pas de pustules à l’horizon. On poursuit. Là, ça devient sérieux. Maintenant qu’on a tout fait pour mettre les défenses à genoux, on balance la sauce, la chimio à proprement parler, qui doit avoir l’effet le plus dévastateur sur les tumeurs. Doxorubicine 100 mg au goutte à goutte, Vincristine 2 mg secoué mais non frappé pour poursuivre, et terminer avec une grosse seringue 1500 mg de Cyclophosphamide rouge sangria directement dans la perf. Ayé ? Fini ? Ah ben il est 17 heures tout de même avec ces conneries !! Comment ? Si ça va ? Heu… oui, mis à par les reflux gastriques et les 50 litres de liquides à éliminer, je crois qu’on va pouvoir s’arrêter là pour aujourd’hui. Et on reprend ça quand ? Ah, dans 21 jours ? Bon… merci. Oui, bonne nuit à vous aussi. Oui, je sonne si ça va pas.
Je reste donc dans la chambre d’hôpital jusqu’au lendemain, en observation, on ne sait jamais, il vaut mieux prendre ses précautions pour la première fois. Le médecin m’indique les effets secondaires que je peux éventuellement ressentir : chute des cheveux d’ici 2 semaines (c’est ma tondeuse qui va être contente), irascibilité (on va me passer tous mes caprices, j’adore !!!), nausées, petites anémies… On verra bien.
Le soir, je regarde la tv. Olympique de Lyon contre le Real de Madrid. Pour les ignares du ballon rond, c’est du soccer. 3-0 pour Lyon qui démarre pour le mieux son parcours européen. Je zappe, et tombe sur le canal interne de l’Institut Bergonié, qui diffuse en continu des petits messages de malades, tournés dans leur chambre, des messages d’espoir de personnes qui s’en sont sorties. Bref, un canal intra-communautaire un peu particulier, mais qui a le vrai mérite d’exister, preuve que certains se bougent pour animer les établissements hospitaliers. Pour preuve, le service d’esthéticienne, qui passe gratuitement dans les chambres pour refaire une beauté aux malades qui le désirent. Maquillage, vernis à ongle, coiffure, tout pour se faire belle ou beau, vivre un peu mieux sa maladie et se regarder dans la glace sans finir par baisser les yeux. L’initiative est absolument géniale, et reflète quand même bien la chance qu’ont les Français à vivre dans un pays où la santé est LA priorité, quelque en soit le poids fiscal au bout de la déclaration d’impôt.