Turbo frites

Mon oncle et sa famille habitent sur les hauteurs de la ville de Draguignan, place forte de l'armée de Terre française avec la plus grosse caserne de l'hexagone. Et la route pour grimper jusqu'à la maison n'est pas des plus plates. Le Tour de France en a même fait l'une de ses étapes "casse-pattes", avec ses multiples et ardus lacets. Et lorsque le monospace de la famille entreprend la montée, c'est toute une aventure. Il faut dire que le turbo du puissant moteur diesel vient de tomber en carafe. Au début, la Renault Espace tient bon le manche, mais au bout de quelques décamètres, le passager non averti commence à avoir de sérieux doutes sur la capacité du véhicule à le mener en haut de la côte. La rétrogradation en seconde n'y peut rien. Quelques mètres encore à ce régime, et c'est la calage assuré. C'est ainsi que l'on se retrouve bien vite à escalader le casse-pattes au son d'un premier rapport en surrégime des plus douloureux pour les cylindres, suivis de près par une demi-douzaine de véhicules impatients à la queue leu leu. Arrivé en haut du col du purgatoire turbocompressé, le moteur exhale des odeurs de caoutchouc et de chaud. Encore quelques dizaines de mètres à ce régime, et c'est la voiture balais qui venait nous chercher!

Autre originalité du véhicule (sans lien de cause à effet, je le précise), le véhicule diesel roule aussi à l'huile de colza. Non qu'il soit spécialement équipé pour la chose. Et c'est justement ce qui surprend. Depuis que Bernard et Marie ont fait un reportage sur la hausse d'intérêt pour les biocarburants dans le département, mon ancien végétarien d'oncle s'est mis en tête de lubrifier les bielles de son moteur à l'aide de l'oléagineux miracle. A en entendre plusieurs spécialistes, ardents défenseurs du colza, quelques litres de ce biocarburant versés dans le réservoir d'un moteur diesel permettent non seulement de faire des économies, mais également de lubrifier son moteur tout en participant à réduire l'émission de gaz à effet de serre. Certains adeptes iraient même jusqu'à faire moitié-moitié avec le diesel. Seul inconvénient, si c'en est un : l'odeur, qui peut faire passer le bio véhicule pour une baraque à frites aux yeux des ignares énergivores. Pour le moment, la pratique reste confidentielle, car l'emploi de ce biocarburant est encore interdit par l'Etat. Mais le secret est désormais de polichinelle. On commence même à voir fleurir des montagnes de bouteilles de colza dans les hypermarchés, bouteilles loin d'être utilisées pour préparer la vinaigrette du dimanche.

Alors, le colza, nouvel or jaune ou pas ? Des débuts de réponses ici.

Comments

[Benbef]

Oui, d'autant que s'approvisionner au supermarmarché du coin engendre nécessairement un autre type de pollution, car qui va s'occuper de recycler les bouteilles en plastique souillées?

[JO]

Et bien il a testé notre idée!!! Le papa d'Inge veut vendre sa jetta diesel et on se demandait l'autre jour si ce ne serait pas une bonne idée de lui acheter (Inge, Pascal et moi) et de la faire rouler uniquement à l'huile. Mais nous avons réalisé que c'est encore difficile de s'approvisonner... quand on le retrouvera à la pompe, là tu parles!

[Pascal]

Bon, un tonton qui habite un endroit difficile d'accès dans le sud et qui met du colza dans son char, ça me plait comme concept. Passe lui le bonjour du Québec.